« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas,
c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » – Sénèque

Dans cet article :

  • La suite de mon interview avec Sylvère Ferga (relire la 1e partie 1)
  • Comment doubler votre confiance en vous
  • Les solutions concrètes pour échapper au trac 

DEUXIÈME PARTIE

1/ « Comment fait-on pour avoir confiance en soi ? »
Commencez par entendre des voix !

De façon générale, il est toujours intéressant de commencer par une introspection. Que me dit la petite voix intérieure qui me tétanise quand je m’imagine en train d’agir ? 

 

Asseyez-vous confortablement une minute. Projetez-vous sur le devant de la scène, imaginez-vous faire ce qui vous effraie le plus ! Et au lieu de la bâillonner, écoutez attentivement cette petite voix désagréable ! Quelles menaces profère-t-elle ?

 

Répéter plusieurs fois cet exercice vous permet d’identifier précisément quelles sont vos failles ! Vous pourrez ainsi démarrer un véritable entraînement pour avoir confiance en vous. 

 

Vous craignez d’oublier votre texte ? Multipliez vos répétitions ! En tant que chanteur, vous craignez pour votre voix ? Songez à vous hydratez régulièrement ! Vous vous sentez tomber ? Ancrez-vous deux fois mieux au sol ! Vous avez peur de manquer de souffle ? Concentrez-vous sur votre posture et votre respiration… À chaque fois que votre peur se précise, vos solutions se précisent, elles aussi !

 
Nourrissez les 4 racines de la confiance en soi

Quel que soit l’enjeu de votre situation, avoir confiance en soi est  toujours un phénomène multifactoriel. Que vous soyez un avocat au barreau, un militaire en opération, un chanteur sur scène, un commercial avant une négociation, ou simplement un amoureux sur le point de se lancer dans le vide ( 😉 ), avoir confiance en soi nécessite les mêmes ingrédients ! C’est un système de croyances qui prend racine dans 4 sources principales :

  1. Le cadre de référence,
  2. La maîtrise personnelle,
  3. Les feedbacks,
  4. L’état émotionnel.

Le cadre de référence est l’ensemble des bons modèles et des normes inspirantes que suit votre cerveau.

La maîtrise personnelle se compose de votre niveau de compétence dans une situation donnée. Les feedbacks sont l’ensemble des retours extérieurs que vous obtenez après certains comportements (critiques/compliments, acceptation/rejet, etc.), d’où l’importance de l’entourage et de l’éducation pour avoir confiance en soi.

L’état émotionnel est l’ensemble des signaux physiologiques que votre corps envoie à votre cerveau et la façon dont votre esprit les interprète !

 

Travaillez sur 3 temps 

Et une seule de ces quatre racines peut tout changer ! Il faut donc nourrir les quatre. Je propose dans ma nouvelle Méthode une stratégie en 30 exercices qui permettent un développement personnel systémique pour avoir confiance en soi. ll s’agit de les réaliser sur le long-terme (au quotidien, jour après jour), sur le court-terme (dans les jours/semaines qui précèdent un événement important) et dans l’instant présent (ces dernières classe d’exercices procure un bien-être immédiat).

Ces trois temporalités aident à se construire une confiance en soi solide et durablement résistante ! Lorsqu’on apprend à avoir confiance en soi, il est très important que cela soit fondé sur des choses sérieuses afin de ne pas rechuter sans arrêt ! Il n’y a rien de plus décourageant.

Une telle démarche permet de basculer sereinement d’une expérience stressante, voire source de souffrance, vers une expérience positive ! Chaque personne peut identifier ses exercices favoris après les avoir testés pour les privilégier en fonction de sa personnalité.

 

2/ « Mais parfois, la peur du jugement prend totalement le contrôle d’une personne qui s’expose au public, comme les chanteurs ! Comment se soustraire de l’influence du regard des autres sachant que l’on chante pour eux ? »

L’origine de la peur du regard

Tout à fait ! En effet, cette peur touche tout le monde. Il faut d’abord tenter de comprendre d’où peut venir cette terreur du rejet...

Pendant des centaines de milliers d’années, le rejet d’une tribu signifiait la solitude face aux prédateurs sauvages. Une telle éventualité engageait presque systématiquement la mort.

Cette peur du rejet, et par anticipation cette peur du jugement, voire même du simple regard s’est donc profondément inscrite en nous. Conditionnés par notre faiblesse physique, nous avons survécu par l’union qui fait force ! Nous sommes réellement des êtres sociaux par excellence. On a même découvert une chose étonnante : certaines de nos zones cérébrales ne s’activent que lorsque nous sommes accompagnés. C’est dire si la solitude est néfaste encore aujourd’hui. Dans le contexte où l’on prend la parole en public, on appelle cette peur la glottophobie !

Ne pas fuir, mais utiliser le regard des autres

L’idée n’est pas de se soustraire au regard des autres, ni même à son influence, car comme tu le dis, les chanteurs chantent aussi pour leur public et les retours du public peuvent constituer une grande source de gratification, d’encouragement, de plaisir et de motivation. Il s’agit plutôt de changer le sens de cette influence.

Comment ? En apprenant premièrement à mieux à connaître son public, en se rapprochant de lui pour faire naître une complicité rassurante. 

Être soi et se montrer ainsi

Deuxièmement, en se présentant pour ce que l’on est, ni plus ni moins. C’est  très important : laisser paraître votre vrai visage diminue la pression car vous ne craignez pas que l’on vous démasque. Si vous êtes stressé, inutile de vouloir le cacher. Jouez-en, plaisantez à ce sujet. Vous gagnerez en symptahie ! 

J’aime dire que votre « Moi réel » doit correspondre à votre « Moi projeté » ! À l’inverse certains aiment jouer un rôle, cela fait partie de ces différences de personnalité que j’évoquais plus haut.

Troisièmement, en prenant conscience de vos propres qualités extérieures et en apprenant à les apprécier. Et enfin en cessant d’être trop focalisé sur soi-même pour penser d’abord au plaisir du public ! 

 

3/ « Un problème récurrent chez les chanteurs est le manque de maîtrise de leur voix, dû à une mauvaise technique vocale (la peur de chanter faux, la peur des notes aigus etc… ) . Est ce possible de développer de l’assurance avec une mauvaise technique vocale ? »
Apprendre à aimer l’échec

Avant de pouvoir marcher, un bébé tombe cent fois au moins ! Mais il se relève toujours, réessaye cent une fois, et réussit ! Il ne se dit pas au bout de la 50e chute : “Bon, ben c’était pas pour moi !”

Il faut donc travailler ce rapport à l’échec et arrêter de le voir comme une chose négative : l’échec n’est pas le bout de la course. C’est un processus normal. C’est une étape nécessaire dans la plupart des apprentissages ! L’échec est presque la clé de la réussite ! L’échec est source d’information. C’est lui qui favorise la réajustement pour travailler sa technique au plus juste et cheminer vers la performance !

S’attacher au potentiel plus qu’à la performance et rester humble

Il ne faut pas arriver et se concentrer uniquement sur la prouesse des meilleurs. Certains débutent officiellement le chant et semblent naturellement doués, mais cela peut être l’aboutissement d’un préapprentissage invisible (comme un environnement familial qui a sensibilisé très tôt leur oreille musicale ou accélérer leur progrès en chant). 

Il faut donc accepter de progresser à son rythme, en donnant le meilleur de soi-même. Comme dans beaucoup d’apprentissage, l’humilité protège l’ego. Elle permet de s’accepter, d’accueillir les conseils, et de persister dans l’effort ! L’humilité mène souvent beaucoup plus loin qu’un excès de fierté, qui nous conduit vite à l’abandon suite aux premières déceptions.

 

4/ « Comment gérer son trac ? »

Le trac est un manque de confiance en soi à court-terme. Il se produit juste avant un événement important, voire sur le moment présent ! Reprenons la méthode dont je parlais et que j’intitule la Méthode CALME.


Le trac et les racines de la confiance en soi

Dans la Méthode CALME, on se souvient des 4 racines à nourrir pour avoir confiance en soi : le cadre de référence, la maîtrise personnelle, les feedbacks et l’état émotionnel. 

En ce qui concerne vos aptitudes, elles sont plutôt stables et ne changent pas si vite : votre savoir-parler/chanter/danser/boxer est acquis durablement, il ne vous quitte pas. Ce sont les trois autres sources de la confiance en soi qu’il faut alors actionner pour gérer ce trac de court-terme : le cadre de référence, les feedbacks et l’état émotionnel.

Qu’est-ce que le cadre de référence ?

Le Cadre de référence est la boîte à l’intérieur de laquelle vous pensez. Pour comprendre cette notion, imaginez que depuis votre naissance, vos parents aient eu la phobie des araignées. Des cris chaque fois qu’ils en aperçoivent une au sol, la panique, la maison sans dessus dessous pour y échapper !!! Quel rapport aux araignées auriez-vous ? Un rapport pour le moins distant, probablement ! 

Le pouvoir des normes 

Pourquoi ? Parce que votre cerveau a intégré l’idée que ceux qui vous servent d’exemple et sont pour vous des références ont une peur bleue des araignées ! Elles sont donc sûrement dangereuses. Vous avez là modélisé et intégré un comportement par imitation d’une norme.

La zone proximale de développement

De la même façon, les exemples de chanteurs que vous connaissez et leur rapport à la scène conditionnent votre propre confiance en vous. Si vous vous tournez vers des chanteurs confiants, vous pourrez plus facilement vous en inspirer par l’observation de leur attitude. On appelle ça l’apprentissage vicariant. Plus votre modèle vous ressemblera (âge, taille, physique, voix, idées…), plus vous pourrez vous identifier à lui, et plus il vous aidera à progresser ! Cette découverte du psychologue russe Lev Vygotski est appelée la « zone proximale de développement ».

La couleur des souvenirs

D’autre part, à l’approche de votre événement, il est possible que vous ressentiez une certaine anxiété. Or la coloration positive ou négative de vos émotions active en vous des souvenir de la même couleur. Si vous êtes triste, vous vous souviendrez plus facilement d’événements tristes. Si vous êtes anxieux aussi et il est probable que d’autres souvenirs un peu négatifs vous viennent automatiquement à l’esprit, qui à leur tour justifieront l’anxiété. Il faut enrayer ce processus et refocaliser de façon volontaire son attention sur des souvenirs heureux de réussite passée !

Adopter de bons modèles est donc très important pour avoir confiance en soi. Et focaliser son attention sur des souvenirs positifs est aussi une choses essentielle et loin d’être automatique ! C’est ainsi, avec ces deux techniques, qu’on régule notre cadre de référence pour diminuer l’intensité du trac. D’ailleurs, le simple fait de penser à des choses agréables ou même au mot “calme” peut apaiser grandement l’état d’esprit.

En ce qui concerne la gestion du trac par les feedbacks et l’état émotionnel, nous en reparlerons lors de notre rencontre du 27 mars 2018 (notez bien la date) !

 

5/ « Louny, le trac est un des aspects les plus connus chez les chanteurs, mais peux tu me parler des autres désagréments, d’ordre mental, qui peuvent gêner un chanteur ? »

C’est vrai qu’il faut prendre soin d’un certain nombre de facteurs mentaux pour optimiser sa performance.

L’énergie. La chose la plus essentielle est l’énergie ! Un chanteur qui n’aurait pas d’énergie, n’en transmettrait pas à son public et cela serait une catastrophe pour son image. L’énergie met en relief la présence du chanteur ! Elle ouvre l’esprit, elle rend plus réceptif, plus compréhensif, plus créatif ! D’une journée à l’autre, on peut être deux personnes totalement différentes, selon que l’on a ou non un bon niveau d’énergie ! Notre humeur, nos choix, nos attitudes, tout change !

La personnalité. Sur un autre registre, qui sort du cadre de la confiance en soi, il me semble fondamental pour un artiste de se distinguer, d’avoir sa propre patte artistique, son style bien à lui ! Cela passe nécessairement par le fait de cultiver sa personnalité, jour après jour ! C’est un élément qu’on néglige souvent, et pourtant très apprécié par le public. Cela dit de nombreux chanteurs éprouvent de vraies difficultés à développer leur style à eux, mais je sais que tu proposes une méthode particulière pour cela…

Le rapport au public. Il existe aussi les enjeux de la relation au public. Comment se positionner (où se placer entre l’abnégation et le narcissisme, etc.) ? Comment le percevoir ? Comment les comprendre ? Comment leur parler ? Comment se connecter à eux ? Comment les toucher ? Comment leur renvoyer une image d’eux valorisante pour qu’ils aiment s’identifier à vous ? Etc. Étrangement, les gens du marketing et de la relation client s’appuient sur la psychologie sociale pour faire tout cela et sont brillants dans ce domaine. J’aurais tendance à puiser mes conseils dans ces deux disciplines pour conseiller quelqu’un qui a déjà pour lui sa passion et qui veut consolider son image pour grandir et s’exporter !

En fait, les domaines d’application de la psychologie au chant sont presque illimités. C’est pour ça que les grands chanteurs internationaux disposent d’un coach pour chaque chose ! En utilisant ces quelques conseils, en écoutant ses pensées et en accueillant ses émotions pour mieux comprendre ce qui se joue à l’intérieur, on peut apprendre à se coacher soi-même ! 

Avec amour, 
Louny Bostok

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« Nous souffrons plus souvent dans notre imagination que dans la réalité. »

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