Dans cet article :

  • Je vous raconte l’histoire de ma plus mauvaise « opération séduction »
    et comment je me suis mis 80 filles à dos… en même temps !
  • Je remonte le temps avec vous pour réparer ce fiasco.
  • Je vous révèle LA question qui changera votre vie à tout jamais.

    UN DISCOURS IMPROMPTU

    L’appel du 18 juin 

    Louny prend la parole

    Début d’été 2011, un jeudi, 16h55. Il appela mon nom. Surpris, je relevai la tête.

    Tout le monde me regardait avec insistance. En rajustant mon col de chemise, je me levai pour le rejoindre. Je descendis quatre à quatre les marches du grand amphithéâtre.

    Tous les regards étaient braqués sur moi. Il ne me restait que 5 minutes pour prendre la parole et accomplir l’impossible. En réalité, j’allais mener la plus mauvaise communication de toute ma vie.

     

    Mon hôte à fière allure

    Ses cheveux brillants étaient grisonnants, ou poivre et sel, comme on aime dire. De ceux qui font frissonner les jeunes étudiantes à la recherche bouillonnante d’elles-mêmes. Sa posture était droite et il arborait sous des yeux bleus et malicieux un sourire éclatant, ajoutant au prestige de sa stature l’évidence d’une assurance personnelle.

    Il était cultivé, bienveillant, inspirant. Nous le trouvions charismatique. Il était à la fois plus âgé et plus moderne que nous tous. Toujours dynamique, toujours à la mode, toujours branché sur les dernières nouveautés. Le genre d’homme qui pourrait s’amuser à porter un t-shirt serré avec le S de « Superprof » inscrit sur le torse.

    À l’époque, j’étudiais à l’université de Nantes. C’était notre professeur de Civilisation américaine. J’adorais tout ce qu’il faisait. Un seul un élément de son enseignement allait faire naître chez moi un profond désaccord.

     

    DEUX + DEUX = CINQ

    Une tragédie moderne 

    « À une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire.« 
    – George Orwell

     

    Les enseignants universitaires de France ont un statut prestigieux et protégé. On ne  les licencie pas, on ne les évalue pas, on ne les remet pas en question. Ce sont eux qui savent. Bien sûr, cette condition n’incite pas vraiment à s’interroger soi-même. Bref !

    Rempli de certitudes, notre prof s’était lancé à l’aveugle sur un terrain ultra glissant. Le thème ? Un événement incontournable de l’histoire moderne qui avait bouleversé l’ordre mondial. Des relations internationales chamboulées, un racisme planétaire, plusieurs guerres faisant des millions de morts civiles et l’espionnage massif des citoyens par les gouvernements occidentaux. Autant dire que le sujet importait.

    J’ai été très déçu, puis très inquiet, de voir qu’un responsable universitaire comme lui pouvait prendre cela à la légère. Il prétendait enseigner, mais il relayait simplement le discours officiel, sans le moindre esprit critique. Sans doute voulait-il bien faire. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions.

    Le conformisme intellectuel est la tragédie du siècle.

     

    Les contes pour adultes 

    Le premier jour, je décidai de lui envoyer gentiment un email lui faisant part de mes informations. C’était un homme intelligent et j’avais bon espoir qu’il nuancerait son propos après avoir creusé le sujet. Mais il n’en fit rien. En fait, il n’avait pas même tenu sa promesse de s’informer plus sérieusement.

    Il exerçait pourtant une influence considérable sur ses étudiant(e)s, qui buvaient ses discours sans discernement. 

    Plusieurs fois je lui écrivis de nouveau.  Mais rien n’y fit. Et la propagande continua. Le tout relayé par une personne que j’adorais, dans un accent anglais parfaitement charmeur, et qui disposait de par son autorité d’un ascendant intellectuel incontestable sur l’ensemble de ses auditeurs et auditrices…

     

     

    LA MINORITÉ AGISSANTE

    Séduire, c’est contredire ?

    « Principe de base : le con a toujours raison parce qu’il est nombreux. » –
    Sylvestre (Les Guignols)

    Si vous passez du temps avec une jolie femme, vous pouvez vous amuser, une fois de temps en temps, à soutenir plus frontalement une idée qui vous est chère, même si elle s’oppose à la vision de votre partenaire. En vous affirmant ainsi, vous faites preuve de caractère, ce qui ne manque pas de panache ! Mais il en va différemment avec une foule et de son gourou.

    Silencieusement assis sur ma chaise, je ne savais plus quoi faire. L’enjeu était le suivant : si cette version de l’histoire passait dans les esprits, ils croiraient que la guerre est justifiée et accepteraient toute leur vie que leurs impôts financent le bombardements d’innocents, et qu’on supprime le droit à la vie privée, au nom de l’Axe du bien.

    Il prononçait chaque mot avec suffisance. La colère montait en moi. Je ne tenais plus en place. Mon corps me brûlait. De temps en temps, je poussais un soupir d’agacement. Puis je plongeais ma tête dans mes mains, comme pour ne pas voir ce qu’il se passait.  Souvent, je levais la main pour apporter une preuve contredisant cette messe politique.

    L’audience était majoritairement composée de jeunes femmes sous le charme de l’orateur, inconditionnellement acquises à sa cause, quelque qu’elle soit. Chaque fois que je levais la main pour participer, je percevais leur réprobation à l’idée qu’on puisse remettre en question cette idole sur son propre territoire. L’offense ultime. Ne souhaitant contrarier personne inutilement, je décidai alors de changer de stratégie.

     

    L’échec de ma négociation

    Un jour,  alors qu’approchait midi, j’attendais la fin du cours pour aller dialoguer avec mon professeur. Gentiment, je lui rappelai les mails que je lui avais envoyés, et lui demandai pourquoi il n’avait pas consulté les informations alternatives (pourtant solidement sourcées) à son discours.  

    Il ne me donna à aucune explication, mais proposa que je dispose d’un moment, pour m’adresser à l’ensemble des étudiants afin de leur présenter une autre version des faits. D’abord déçu de sa réaction d’évitement, j’acquiesçai poliment, et pris congé.

     

     

    O BELLA CIAO, BELLA CIAO…

    Le jour de gloire n’est pas arrivé ♪

    Nous y voilà ! Dernier cours d’anglais de l’année. Une centaine d’étudiants. Tous avaient laborieusement absorbé le même message dégoulinant de marketing pendant une vingtaine d’heures au total. Ils avaient fait l’effort de le mémoriser pour réussir leurs exams. Comme l’est tout un chacun face à un travail bien accompli, ils en étaient fiers. Un peu comme quand on demande aux jeunes écoliers américains de disserter sur le sujet : « En quoi les États-unis d’Amérique sont-ils le meilleur pays du monde ? » 

    16h55. Le prof appela mon nom. Il m’offrait généreusement 5 petites minutes de temps de parole, non préparé. Mes sentiments étaient partagés. Indignation, inquiétude, sens du devoir.  Pris de court, je descendis. il se leva de son bureau et me fit signe de m’installer. Complètement absorbé  par les informations innombrables que je devais communiquer en si peu de temps,  j’accepte son invitation et pris sa chaise pour m’y asseoir.

    Le messager est le message

    C’était là ma première grande erreur. Ce jour-là,  il s’était fait mal à la jambe et boitait comme un canard. Dans l’esprit du public, en acceptant d’utiliser son siège pour prendre le micro, j’avais presque violé les droits d’un handicapé. Mon geste était d’une inélégance absolue. 

     

    Comme l’explique Marshall McLuhan,  “the media is the message”. Autrement dit “le messager est le message”. Cela signifie que l’identité de l’orateur et l’image qu’il dégage sont très importants. La sympathie ou l’antipathie que vous inspirez à votre public a toujours un impact déterminant sur la façon dont ce public réceptionne votre message. Cela s’applique tout à fait à la séduction homme-femme ! Souvenez-vous en. J’étais donc très mal parti. Mon image était négative d’entrée de jeu. Cela laissait peu de chance à mon message pour être bien accueilli.

    4 minutes. Je n’avais pas le luxe de réfléchir.  Et je n’avais pas préparé mon intervention. J’allumai en hâte le vidéoprojecteur. 

    3 minutes. Tapotant sur mon moteur de recherche, j’affichais à l’écran devant une centaine de regards ébahis, le premier site internet indépendant traitant de notre sujet. Il s’agissait d’un petit blog mal entretenu, à l’esthétique hostile, au texte déconstruit, et aux arguments valides mais confus. Crédibilité zéro.

    2 minutes. Pour appuyer ma démonstration,  je pris la parole : « Nous parlons d’un sujet sérieux. Cet événement a déjà eu des conséquences majeures. On nous incite a étudier le langage des médias et à développer une analyse critique des messages pour ne pas être manipulables. Si on ne fait pas ce travail alors que la vie, la santé et la liberté de millions d’humains sont en jeu, nous ne méritons même pas notre place dans cette salle !” 

    Times up ! La cloche sonna. La majorité silencieuse se leva après les salutations du professeur, et quitta les lieux. Quelques-uns m’apportèrent leur soutien. Mais beaucoup m’écriraient pour me reprocher le ton adopté et mon attitude a l’égard de notre professeur.

     

    MA GRANDE LEÇON 

    Tout miser sur la relation

    Là encore mes sentiments étaient partagés. J’étais fier d’avoir fait ce que personne n’avait fait : j’avais eu un regard critique, j’avais assumé mes idées. Je les avais défendues. Littéralement seul contre tous. Mais j’avais essuyé un échec majeur. Je n’étais pas parvenu à intéresser ou à convaincre mes camarades.

    J’ai beaucoup repensé à ce jour. Aujourd’hui, ce manque d’égards pour la forme m’apparaît bien stupide ! Les sciences de la communication nous enseignent que les relations priment toujours sur l’échange d’information.  Parce que sans relation il ne peut y avoir d’échange. J’aurais du tout miser sur la relation !

     

    Et si c’était à refaire ?

    Je ne résiste pas à l’envie de réécrire l’histoire, fort de cette bonne résolution. Si je pouvais revenir en arrière et me préparer, voilà ce que je ferais et dirais :

    Comme alors, je prendrais mon courage à deux mains pour défendre mes idées. Comme alors, je descendrais les marches quatre à quatre. Très peu de choses seraient différentes. Mais cela ferait toute la différence.

    1. Je commencerai par saluer mon professeur à qui je laisserai sa chaise. 
    2. Je le remercierai chaleureusement pour cette opportunité qu’il me donne de m’exprimer, preuve de son ouverture d’esprit. Je dirais la chance que nous avons de l’avoir. En moins de 30 secondes, j’aurais bénéficié d’une meilleure image, favorisant l’écoute de mon message. Le même message, ni plus ni moins. Mais un meilleur messager.
    3. Puis,  j’aurais démarré ainsi : “ Je vous remercie de m’accorder 5 minutes alors que cette journée touche à sa fin. Cela témoigne de l’importance que vous donnez au fait de toujours écouter les différentes  versions d’une même histoire. Y compris, et peut-être même surtout pour les sujets hautement sensibles comme celui qui nous occupe depuis 20 heures maintenant. J’ai conscience de la force et de la fréquence avec laquelle cette première version vous a été présentée et à quel point elle fait partie intégrante de nos représentations. Mais même quand on est sûrs de soi, il n’est pas impossible de se tromper, ou d’être trompés. Je voulais simplement vous dire il existe une autre version des faits. Elle est le plus souvent passée sous silence. Elle est parfois tournée en ridicule pour intimider ceux qui ont le courage de poser des questions. Mais cette deuxième version présente des faits objectifs, rationnels et documentés, y compris des témoignages de personnes ayant vécu l’événement de l’intérieur. Aucun de ces arguments n’a jamais été démonté factuellement. Des milliers de journalistes, de scientifiques, d’ingénieurs, de diplomates ont corroboré ces faits de de longues et rigoureuses analyses. Ensemble, de plus en plus nombreux chaque année, il se mobilisent maintenant depuis 10 ans avec ténacité pour que nous entendions leur voix. Ils comptent sur nous pour calmer les esprits, appeler à la raison et ramener la paix. Voici quelques sites internet, revues et films que je vous recommande si le sujet vous intéresse. Bien entendu, j’aurais plaisir à discuter avec vous tous. Encore merci à notre professeur, merci à vous et très belle soirée à tous. »

    Plus jamais je n’oublierai que la relation prime sur l’échange d’informations. Que le média est le message. Que l’ethos est la moitié de la persuasion. Voulez-vous séduire ? Soignez votre image comme la prunelle de vos yeux ; soyez de beaux messagers.

     

    Non sans amour, 
    Louny Bostok

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