Ne sois pas timide, petit chat

« J’imagine que je ressemble un peu au tronc d’un cactus. J’absorbe une certaine quantité de culture et de sociabilité au contact de mes amis. Puis je me replie sur moi-même et j’en vis pendant un certain temps, jusqu’à ce que j’aie de nouveau soif. Il n’est pas bon d’entretenir une telle autarcie, une sorte d’exil volontaire. » – Nancy Horan

Dans cet article : 

  • Ce qu’est la timidité : les clés pour y échapper
  • Votre sociabilité et pourquoi vous devez l’entraîner chaque jour
  • Comment fonctionne l’incroyable programme baptisé « social fitness model » ?

I. INTRODUCTION

A. Deux réfugiés au bistrot

Alors qu’une froide nuit de novembre  tombait sur les rues de Paris, je poussai les portes du Colibri, un petit bistrot traditionnel, doré et lumineux, situé place de la Madeleine. En pénétrant les lieux, j’inhalai l’agréable bouffée de chaleur qui souhaite la bienvenue à tous les clients venus s’y réfugier. Bientôt attablé aux côtés d’un ami, j’y eus une conversation fructueuse à propos de développement personnel. En savourant deux jus de fruits, nous y développâmes plusieurs questions essentielles qui nous échauffèrent les esprits, sans toutefois que toutes ne trouvassent leurs réponses au cours de la soirée. Néanmoins, je pus méditer sur leurs enjeux durant le chemin du retour… 

B. No place like home

Il est minuit passé. Me voici rentré  à la maison. Comme à mon habitude, je ne pense qu’à vous, mes chers lecteurs ! Mon premier réflexe est donc de me servir un bon thé vanillé, et d’allumer mon ordinateur pour vous livrer immédiatement mes réflexions en introduction de cet article. Notez bien que je fais cela avant même de dîner, c’est dire si je vous aime ! 😉 

 

II. LE COACHING INTELLIGENT

A. Le changement durable

On m’a dit cent fois de ne pas ennuyer mes clients avec trop de théorie. La croyance qui sous-tend ces conseils est que les personnes veulent simplement connaître de belles émotions et se moquent de comprendre ce qui leur arrive réellement.

Mais en matière de développement personnel, je suis plutôt favorable à une approche intelligente du progrès. Premièrement, je suis passionné de psychologie. Alors forcément, je me réjouis de creuser avec vous tout ce qui se passe dans nos têtes : chaque tendance affective, chaque petit mécanisme de défense, le moindre petit biais cognitif. Deuxièmement, pour des raisons plus philosophiques, j’aime que mes clients comprennent ce qui leur arrive. Et troisièmement, il est beaucoup plus efficace de vous guider sur un chemin éclairé.

En effet, il serait possible de vous conditionner mentalement à sociabilité, à la bravoure sociale, sans rien vous expliquer. Mais les résultats d’une telle opération n’auraient rien de chirurgicaux, et seraient instables. Vous présenter les principes sous-jacents à l’entraînement, c’est se donner les meilleures chances pour rendre ses effets durables.

B. Comprendre et agir

Je ne répéterai jamais assez cette phrase attribuée à Einstein :

« La connaissance, c’est l’expérience ; tout le reste n’est qu’information. »

Vous voulez progresser ? Il faudra agir ! Agir encore. Agir toujours. Lire est certes nécessaire. Mais totalement insuffisant. Seule l’expérience vous changera. Et seule l’action vous apportera l’expérience.

C’est pourquoi ma méthode repose sur un engagement total. Avec ou sans accompagnement, vous devez prendre une direction et vous y tenir.

Mes articles et vidéos vous aident à saisir les concepts importants et à éclairer les chemins vers le progrès. Mes séances de coaching personnalisées vous permettent de clarifier votre situation, d’atteindre un objectif concret ou de remodeler votre vie entière, et les soirées de La Loge sont pensées pour solidifier et pérenniser votre progression sur le long terme.

C. Mon hésitation

J’ai un peu hésité avant de vous faire cet article théorique. Mais pour moi, vous expliquer ici le concept de timidité et les moyens d’y remédier, c’est comme vous justifier le programme sportif des 5 prochaines semaines : ça n’a jamais fait perdre 20 kg à qui que ce soit ! En revanche, ça me permet de rencontrer des personnes éclairées, qui savent ce qu’elles veulent, connaissent mon raisonnement, ont une idée de mes méthodes et sont prêtes au changement ! C’est parti !

 

III. TIMIDE UN JOUR, TIMIDE TOUJOURS ?

A. Le timide, un esprit (auto)torturé

Comment savoir si vous êtes timide ou non et si vos proches le sont ou non ? Déjà dans la première partie de l’article sur les origines de la timidité, nous disions que parler de maladie était hors-de-propos. C’est pourquoi on ne peut guérir de la timidité. En revanche, la comprendre plus en détail permet de s’en libérer, ce qui est possible au moyen d’un réel travail sur soi et d’une véritable volonté de changement.

Vous le savez si vous en faîtes partie, les personnes timides ont une activité mentale particulière. Potentiellement douloureuse, elle s’avère très handicapante. Vous vous inquiétez excessivement de ce qui pourrait se produire de mal au contact d’autres personnes, et ce même lorsque vous tentez de rationaliser.

Souvent victimes d’un déficit de confiance en eux, les timides ruminent leurs propos maladroits, ce qu’ils auraient du mieux dire ou mieux faire. Ils se demandent en permanence ce que les autres peuvent penser d’eux et s’en font une montagne, comme si la réponse avait une portée mortelle. Plus ou moins consciemment, ils anticipent une incroyable quantité de scénarios catastrophistes saugrenus et improbables. Ne vous est-ce jamais arrivé ?Tout le monde va se mettre à rire de moi, à me détester, à me rejeter, voire à m’insulter, sinon pire ! Et puis quoi, encore ?

B. La mort ou l’exil

De fait, si vous êtes timide, vous avez peut-être tendance à fuir des situations sociales qui pourtant vous attirent. Et lorsque, sous la contrainte, vous êtes forcées d’y participer, votre comportement est hautement inhibé. Les interactions d’une personne timide se retrouvent extrêmement appauvries car le manque d’expériences positives et la peur installent chez elle de puissants mécanismes de défense potentiellement antisociaux (distanciation, froideur, condescendance, voire hostilité).

En bref, toutes ces stratégies de protection vous conduisent à un repli sur soi oppressant plus que libérateur. A bien y regarder, toute cette énergie est gâchée pour éviter des risques largement surévalués. Vous le savez !  Comme l’écrit Paolo Cohelo, « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine : elle est mortelle. »

La personne timide se comporte souvent en cactus. Mais Nancy Horan, l’éloquente auteure américaine du roman Loving Frank, a pleinement raison. L’isolement social, même par intermittence, est absolument néfaste pour la santé relationnelle. Dans toutes nos relations, il faut observer le principe de constance et garder le contact ! C’est une discipline positive pour la qualité de nos liens d’attachement, mais aussi pour notre état d’esprit, ou comme on l’appelle aussi, notre Jeu intérieur..

C. Le paradoxe du nombril

Que peut-on penser d’une personne timide ? De cette personne craintive, de ses discours autodévalorisants ? Ne peut-on pas facilement imaginer que le timide met les autres au premier plan, refuse de monter sur scène et d’affronter les projecteurs ?

Et pourtant, c’est tout l’inverse qui se produit. Dans les faits, la première chose qui préoccupe le timide, c’est sa propre image. A quoi est-ce que je ressemble ? Comment les autres me voient-ils ? Que dit-on de moi ? Que pense-t-on de moi ? Comment va-t-on me recevoir, me parler, me traiter ? Que vais-je ressentir ? Je m’exprime mal. Je ne suis pas à la hauteur. Je ne dis jamais ce qu’il faudrait. Je ne suis pas quelqu’un de cool !

Paradoxal, non ? Éprouver une peur bleue du jugement et se juger soi-même sans arrêt ! L’attention du timide est clairement auto-focalisée. Une langue provocatrice dirait même… égocentrée. Mais vous verriez-vous dire à un ami timide : « Mec, arrête tout de suite de ne penser qu’à ton petit nombril ! »

Cette vérité surprenante me rappelle une phrase de l’écrivain américain (encore un) André Dubus.

Timidité et narcissisme

 

III. LÂCHER-PRISE ET REBONDIR

A. Cher timide, abandonne la perfection

Avec une plume plus douce, André Dubus reprend ainsi ce que nous pensions ensemble à l’instant. Ses mots formulent habilement un constat puissant. Ils nous offrent une clé de compréhension très intéressante de la psychologie du timide. Pourquoi intéressante ? Pour la simple raison qu’elle nous apporte des solutions au problème que subissent les timides (oui oui, ce problème a des solutions) !

Défocaliser l’attention du timide de sa propre personne est un progrès majeur. C’est permettre à son esprit de relativiser l’importance de sa propre image. C’est donc lui permettre de respirer et de se détendre un peu. Et pour un vrai timide, sujet à l’anxiété sociale, la relaxation au contact des autres, c’est déjà un petit Nirvana !

C’est ainsi qu’en consultation, ou dans mes formations, je m’applique à accompagner mes clients vers une plus grande sérénité. Mon premier travail est de vous aider à mieux vous connaître. Vous permettre de évaluer avec objectivité les véritables exigences d’autrui (souvent moins effrayantes que dans les fantasmes). Par ailleurs, je vous encourage à faire preuve d’un savant mélange d’affirmation et d’humilité quant à votre propre présentation : sans tout dévoiler de qui vous êtes, ne prétendez ni être plus, ni être moins, et tout ira bien. Par dessus tout, je vous invite à abandonner le projet de perfection.

Tous ces exercices conduisent à des paradigmes de pensées adaptatifs et une meilleure régulation émotionnelle qui sont deux ingrédients essentiels dans l’art des relations humaines !

B. Timide, mais champion(ne) de l’empathie

La théorie de l’évolution nous enseigne que dans les situations de combat ou de fuite, il fallait à nos ancêtres pouvoir concentrer toute leur attention sur leur proie ou le danger afin de maximiser leurs chances de survie. Ainsi, lorsque nous sommes en colère, ou lorsque nous sommes stressés, notre champ attentionnel se réduit pour plus d’efficacité. A l’inverse, lorsque nous sommes relaxés, notre esprit s’ouvre à nouveau. Nous regardons, écoutons, et ressentons une plus grande diversité de choses. Nous devenons plus réceptifs, et également plus créatifs.

De nombreux chercheurs expliquent qu’en inhibant ses prises de parole, le timide a l’habitude de se montrer plus attentif et développe de fines qualités d’observation, de compréhension et d’empathie pour ses interlocuteurs. En parvenant à lâcher-prise, on reconnecte le timide avec ses véritables qualités sociales. Et c’est la première étape d’une montée en puissance de sa sociabilité !

Deux des grandes qualités que l’on prête justement à la personne timide sont la qualité d’écoute et l’empathie, comme l’explique le psychiatre Gérard Macqueron, de l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Cette aptitude à se tourner vers l’autre constitue l’une des 7 lois inviolables de la conversation. Une fois détendus, les personnes timides renouent avec cette tendance d’ouverture et d’écoute, qui les classe naturellement parmi les meilleurs interlocuteurs du monde.

 

IV – AVANT LA REMISE EN FORME

A. Mais bon sang, exprime-toi !

« _ Ah ouais, clairement, il reste de supers écrivains à notre époque !

_ Sans aucun doute, mais qui reste-t-il pour les lire ? La taille du lectorat chute d’année en année ! Il faut bien qu’ils mangent, ces artistes. Que quelqu’un les finance. Maintenant soit ils sont contraints d’adresser leurs prose à l’intelligentsia, soit ils doivent renoncer à l’emploi de termes inaccessibles, appauvrir leur syntaxe, et traiter de sujets complètement people pour toucher le cœur des masses. Si la télé et le cinéma montraient autant les célébrités en train de lire qu’ils ne les montrent en train de fumer ou de flinguer des méchants à tout-va, les choses iraient déjà bien mieux ! Oui, enfin je sais pas, peut-être oui.« 

Cette opinion, Tim l’a garda pour lui. Personne n’en entendit jamais parler ni ne soupçonna qu’il l’avait en tête. Après l’avoir pensée très fort et la sachant fondée, il ne fit que baisser la tête, poser le regard sur ses chaussures, balbutier discrètement quelques mots en guise d’acquiescement, et retourner se terrer dans un silence monastique.

A ces moments, je ne peux m’empêcher de lire dans leurs yeux la déception et les regrets qu’ils éprouvent. Je sais qu’au fond d’eux-mêmes une petite voix à l’humeur bataillarde actionne leurs glandes surrénales en hurlant : « Mais bon sang, exprime-toi ! ». Et pourtant, rien.

Parfois, j’aimerais les saisir et les secouer, pour soutenir de toutes mes forces cette petite voix intérieure ! Rassurez-vous, je n’en fais rien. Je suis un partisan de la méthode douce… Pour l’instant. 

B. Des ninjas de la conversation

Je connais des timides qui sont capables d’être là, debout à vos côtés, et de suivre la conversation de votre groupe de A à Z. Ils mémorisent chaque détail, réfléchissent aux enjeux, développent même un avis personnel pertinent sur le sujet ! Et pourtant, ils se taisent du début à la fin de l’échange, prisonniers de leurs habitudes et bâillonnés par leur anxiété ! Il peut même vous arriver d’oublier leur présence. Parfois, les timides sont de vrais ninjas de la conversation ! 

Avant d’étudier cette population, tous ces mécanismes psychologiques, tous ces symptômes et le vécu subjectif qu’ils provoquent en elle, je prêtais beaucoup moins attention à ces absences, tout embarqué que j’étais dans nos croisières conversationnelles ! Bien sûr, je leur tendais parfois une perche pour qu’ils montent à bord : « Et toi Charles, t’avais pas vécu une histoire similaire avec ta voisine, il y a deux semaines ? ». Je leur lançais une bouée à l’occasion, s’ils semblaient vraiment sombrer dans les abîmes…  Mais sans insister.

C. Je veux parler à mon avocat !

Néo, timide ?

Aujourd’hui, leur volonté inavouée de s’impliquer m’obsède. Leur désir d’échange et de connexion me hurle dans les oreilles ! Je ne remarque plus que lui. Je ne pense plus qu’à lui ! Vous souvenez-vous de cette scène écœurante du film Matrix ? Cuisiné par l’agent Smith qui utilise ses méthodes d’interrogatoire à la gestapo, Néo l’envoie balader et demande à parler à son avocat. C’est alors qu’il se retrouve biologiquement bâillonné (scène totalement dégoûtante et anxiogène, je sais. Mais je vous la mets quand même) ! ☺

Voilà l’image-type que j’ai d’un timide en situation sociale ! Courageux, volontaire, mais réduit au silence, torturé par son inaptitude à communiquer qui il est, à offrir au monde toute la richesse que son esprit renferme ! Autant dire que ça secoue. J’entends presque ses battements de cœur, à chaque prise de parole étouffée dans l’œuf. C’est là tout le drame de la timidité. La peur, le doute et l’auto-censure appauvrissent nos échanges. Et des personnes sûres d’elles-mêmes, possiblement moins sensibles à l’exactitude occupent parfois tout l’espace…

Mais tout cela va changer !

Dans la troisième et dernière partie de cet article sur la timidité, je vous parle des techniques les plus efficaces qui existent pour entraîner sa sociabilité !

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« Les séductions de la chair sont moins distrayantes que celles du coeur et de l’esprit. »

— André Gide
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